23.3.09

Une dimanche de printemps chez Stéphane Mallarmé


Renouveau
Le printemps maladif a chassé tristement
L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide,
Et dans mon être à qui le sang morne préside
L'impuissance s'étire en un long bâillement.

Des crépuscules blancs tiédissent sur mon crâne
Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau
Et, triste, j'erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane,

Puis je tombe énervé de parfums d'arbres, las,
En creusant de ma face une bosse à mon rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,

J'attends, en m'abîmant, que mon ennui s'élève...
- Cependant l'Azur rit sur la haie et l'éveil
De tant d'oiseaux en fleurs gazouillant au soleil.

Stéphane Mallarmé