9.6.10

UN AMI

Lorsque l'ami est loin, qu'on ne peut le toucher,
Lorsque l'ami est sourd, et qu'il ne peut entendre,
Lorsque l'ami dort, et qu'il ne peut vous voir,
Décalé dans le temps, par les fuseaux horaires,
Si éloigné, là-bas, à l'autre bout de la terre...
Loin des yeux, loin du cœur, dit-on,
Alors à quoi bon ?
N'est-il plus un ami, parce que la vie sépare ?
Est-il un ennemi, alors que rien ne fâche ?

Non, celui qui sait écouter et entendre,
Même sans voir, sans toucher,
Sans aucun intérêt que d'aimer
Et de s'intéresser aux gens, en toutes circonstances,
Être présent par le cœur autant que par la pensée.
Mieux que ce qu'un frère ne pourrait donner
Celui d'un autre sang est plus qu'un ami.
C'est le frère, le père ou le fils spirituel
Qui manque dans votre famille,
Celui qui a tant fait pour vous
Que vous ne savez comment l'aider,
Lorsque lui aussi n'ose pas demander.

Alors vous n'oubliez pas les moments de la vie,
Ceux qui marquent les années, les joies et les conflits,
Qui font que chaque jour est un nouveau combat,
Une lutte incessante pour ne pas reculer.

Avec pudeur, je marque mon amitié,
Par ces quelques souhaits de bonheur,
En toute intimité : Bon Anniversaire !
Il se reconnaitra...

8.6.10

La Mort dans la rue

Il a été découvert là, près d'un arbre.
Il était recroquevillé, en boule.
Il était seul, malgré les passants, les badauds.
Il vivait là, près d'une gare.
Il regardait les voyageurs se hâtant le matin.
Il observait les regards ternis des banlieusards,
Pressant le pas jusqu'au bercail le soir.

Des milliers de passants le frôlent toute la journée.
C'est un homme transparent,
Que nul ne voit...
Que personne n'entend !

Pourtant son cœur d'enfant crie son désespoir.
Tout reste silencieux dans son corps sale de pouilleux.
Qui s'arrêterait devant ce miséreux ?
Qui est-il après tout ce mendiant sans nom ?
Il ne sait que tendre la main vers ces ombres stressées,
Qui n'osent le regarder, de crainte d'être contaminées.
Le rejet de la société serait-il contagieux ?
Exclus de sa famille, au chômage, il n'ose lever les yeux...
La honte, la peur, la douleur sont ses seules compagnes.
Elles ne le quittent jamais, la nuit, le jour, l'hiver.
Qu'il cherche à vivre en ville, ou parte à la campagne,
Peu d'âmes pour l'approcher, lui sourire, lui parler.

Qui est cet inconnu ?
Lui même en vient à perdre son identité.
Qu'a-t-il donc fait de mal pour en arriver là ?
Lui aussi travaillait, nourrissait femme et enfants,
Honorait père et mère, neveux et sa fratrie.
Jusqu'au jour où le grain de sable a enrayé la machine.

Divorce, la rue, chômage... Tout s'en est mêlé.
Lui, fort comme un Turc, le battant, le héros
N'a plus servi personne.
Ni à rien !

L'hiver, dans un foyer, le soir.
Une soupe, un café, et une couverture.
Des copains de nuitées pour avancer vers demain,
Aussi gris que la veille, et plus clair qu'en automne.
Et toujours l'incertitude, la peur, la honte.
Et puis la maladie, même en été.
La maladie de la solitude, de l'ennui, de la misère.

On ne sait qui il est.
Pourtant c'est une personne.
C'était une personne.
De cet homme, seule demeure l'enveloppe,
La dépouille.
Lui déjà dépouillé de toute vie matérielle,
Et surtout de sa dignité d'être humain.

Il est mort dans la nuit ou peut-être ce matin.
Nul ne sait ! Quelle importance ?
Deux lignes dans les journaux pour une fois
Rappelleront qu'il est comme les centaines d'autres,
Qui meurent dans la rue,
Seuls... Tout seuls, sans nom, sans famille,
Sans amis pour lui tenir la main, pour le dernier adieu.

Il est mort ce matin...
Seul !
Ou pire...
Il est mort cette nuit.

© Gisèle Meunier Ozoir la Ferrière 8 juin 2010 à 16 heures

Honneurs aux auteurs à Nanteuil lès Meaux


Gisèle Meunier, au centre, parmi trois auteurs à qui Régis Sarazin, le maire de Nanteuil-lès-Meaux a remis le blason de la ville, lors du 1er salon du livre, le 6 juin 2010.