2.3.10

Village de pêcheurs sous la neige


Village de pêcheurs sous la neige.
Harbourville N-E (Canada)
Lorsque la neige couvre la mer,
Lorsque le poète se demande, si les masses floconneuses sont arrivées du ciel ou par le fouet des vagues,
Lorsque les chalutiers sont à sec sur l’épais tapis blanc,
Que les maisons de pêcheurs gardent leurs couvertures immaculées
Et leurs enclos cernés par des murets de congères,
Et que même les hommes semblent figés par le froid et la lenteur de l’hiver,
Lorsque l’on se demande si la plage reverra bientôt les pieds nus des promeneurs,
Les embarcations, les rires et les cris de bonheur,
Alors on découvre une région inconnue de la plupart des voyageurs.

Ce bout de terre qui plonge vers l’océan,
Découpant des falaises, les langues s’échelonnant tout au long de la baie,
C’est de là que partirent des familles d’Acadiens, chassées de leurs parcelles.
Quelquefois les maris ou les femmes séparés des enfants,
Combien furent les foyers à se retrouver enfin, pour continuer à vivre ensemble ?
De tous ces exilés involontaires, certains revinrent sur les lieux de leurs racines.
Interdits de reprendre l’espace qui leur fut confisqué,
Ils se contentèrent du ciel parfois changeant et des humeurs de la mer.

Un phare modeste domine l’avancée de ce village portuaire.
Tel un protecteur, il annonce et prévient des dangers les pêcheurs.
Comme partout dans le monde, les femmes de marins voient partir,
Frémissantes, leurs hommes qui garniront les marchés de poisson au départ d’Harbourville.
Le ciel est sombre tout à coup, les pêcheurs encore loin, les épouses inquiètes.

Peut-être que demain, il neigera encore sur la mer.
Ou alors que d’humeur furieuse elle montera les vagues en neige.
L’hiver n’est pas fini, encore deux mois peut-être.

Gisèle Meunier 24 février 2010 (Wordville) WATERVILLE Nouvelle-Ecosse Canada

Aucun commentaire: