29.1.14

L'analyse très affinée d'un lecteur


Qui a tiré sur la haute couture ? Il y va du genre policier comme de tout autre genre littéraire : il y a des bons et des moins bons. En l’occurrence, nous avons affaire ici, à un très bon roman, je dirais même un excellent, un écrit avec précision et beaucoup de finesse par une débutante dans ce domaine – mais qui a déjà dans les autres domaines de l’écriture une superbe expérience ! - . Et pourtant, Gisèle Meunier, femme courageuse et déterminée, s’est lancée avec une très grande intelligence dans ses déambulations policières, avec son style incisif coutumier. Elle réussit du premier coup, un récit savoureux et d’une grande virtuosité, qu’on a du mal à quitter, une fois finie la lecture. Personnellement, le titre de son polar, mais non pas le déroulement de l’intrigue, ni les personnages qu’elle a su si bien situer dans son histoire qui sont d’une toute autre teneur, ce titre donc, m’a rappelé celui qui écrivit vers 1880, Oscar Wilde avec ses Impressions d’Amérique ». L’écrivain irlandais avait repris une expression devenue par la suite, bien fertile : « Ne tirez pas sur le pianiste, il fait de son mieux». Phrase qui trouve son origine dans un saloon de Leadville, cité grandie grâce à la fièvre de l’or en plein Far West. Elle poussa trop vite et anarchiquement et elle fut, l’espace de quelques années, un lieu où s’affrontaient souvent des bandes rivales. L’expression traduit le fait que les pianistes qui se risquaient à jouer dans ces saloons, le faisaient au risque de leur vie. Plus d’un siècle plus tard, voici cette rocambolesque histoire policière, que nous propose l’auteure, avec des péripéties et des rebondissements à souhait. Ici, il n’y est plus du tout question de pianiste, mais d’un grand couturier –comme le titre le suggère – de renommée internationale, que tout le monde semble aimer. Si cela est vrai, alors, pour quelle obscure raison, un tireur l’abat-il, en pleine rue, un matin, au cœur de Manhattan? Qui plus est, devant plusieurs témoins, à deux pas du prestigieux hôtel Astoria où il logeait ? Qui a osé ainsi tirer sur cette personnalité très connue de la Haute couture ? Pour quelles raisons ? Et surtout, qui est le responsable d’un tel crime ? Nous pouvons, à partir de ce mystérieux meurtre, suivre ensuite le cheminement des agents du FBI, à travers plusieurs villes des Etats-Unis : tout d’abord New York, où fut perpétré l’assassinat, puis Chicago, Minneapolis, Miami, Cuba, San Francisco, Los Angeles, etc., en traversant de part en part, l’immensité du territoire nord-américain. Avec une habilité remarquable, l’écrivaine nous met en haleine, en nous faisant suivre les différents coups de théâtre de l’enquête, en nous faisant découvrir aussi, les aspects qui motivent les agissements de chaque personnage hauts en couleur. C’est dans ceci, que repose le savoir-faire de l’auteure, qui rend ce roman, au-delà même de son genre, extrêmement intéressant et attachant. Il est vrai, qu’en tant que lecteurs, nous devons nous engager nous-mêmes, dans un labyrinthique parcours, avec toutes sortes d’embûches et de surprises. C’est là que réside l’atout principal de ce magnifique livre, puisqu’il nous amène à nous faire sentir continuellement concernés par l’évolution des événements. Ce qui dénote de la part de Gisèle Meunier, une grande maîtrise de l’écriture, et une bonne connaissance des ressorts dramatiques qui alimentent l’intrigue. Roman très bien réussi par ses qualités littéraires, qui suit un procédé multiple, renonçant à la linéarité des polars habituels et à leurs poncifs, pour s’atteler à un mélange réussi des situations, qui nous tiennent en perpétuelles interrogations, nous conduisant à une fin, tout à fait inespérée et percutante. Ed. Caveri

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